Normes

Les scores obtenus à un test psychométrique n’auraient que très peu de valeur sans les normes. Sans elles, les tests ne fourniraient que des scores bruts qu’il serait impossible d’interpréter. En effet, tel qu’expliqué dans la section sur la psychométrie, les résultats aux instruments psychométriques sont interprétés par comparaison à une norme.

Qu’est-ce qu’une norme en psychométrie?

 Une norme, c’est la distribution des scores obtenus par un échantillon de personnes, représentatif d’une population définie, à un instrument qui a été administré dans des conditions standardisées (au sujet de la standardisation, voir la section sur la psychométrie). Cette distribution suit généralement une courbe normale et l’échantillon ainsi formé est appelé échantillon de normalisation ou échantillon normatif.

Les données sur la distribution des scores des membres de l’échantillon de normalisation (i.e. moyenne, écart-type, coefficients de fidélité et erreur-type de mesure) sont documentées (généralement dans le manuel de l’instrument psychométrique utilisé) afin que le score de tout individu puisse être situé à l’intérieur de cette distribution de scores, en vue de l’interprétation des résultats. Par exemple, à une échelle d’extraversion-introversion, plus une personne aura un score en-dessous de la moyenne de l’échantillon normatif, plus on la considèrera introvertie, alors que plus elle aura un score supérieur à la moyenne normative, plus on la dira extravertie. La transformation des scores permet de situer exactement une personne par rapport à l’échantillon normatif.

Pour que la comparaison des résultats d’une personne à ceux d’un échantillon normatif permette une interprétation valide, la personne évaluée doit appartenir à la population représentée par l’échantillon normatif. La vérification de l’existence d’une norme correspondant aux caractéristiques de la personne évaluée est donc nécessaire avant toute utilisation de l’instrument psychométrique auprès de celle-ci. Par exemple, il ne serait pas adéquat d’interpréter les résultats d’un enfant de 10 ans à un test d’habiletés cognitives en utilisant un échantillon normatif adulte.

L’échantillon normatif

L’échantillon normatif doit être représentatif d’une population spécifique à laquelle est destiné l’instrument psychométrique, définie préalablement par des caractéristiques précises. Par exemple, si l’on cherche à différencier les gens entre eux dans l’ensemble de la population québécoise, il faudra un échantillon qui soit représentatif de toute la population québécoise. Cependant, si l’on cherche à différencier les gens entre eux dans un groupe restreint de personnes répondant à des caractéristiques spécifiques (par exemple, les enfants de la quatrième année du primaire), il faudra alors un échantillon qui soit représentatif de cette sous-population. L’âge, le sexe et l’origine ethnique doivent absolument être spécifiées ainsi que, s’il y a lieu, d’autres caractéristiques communes aux membres de l’échantillon, tel que le niveau de scolarité. De plus, la représentativité de l’échantillon normatif devrait être vérifiée. C’est-à-dire qu’un bon échantillon normatif devrait offrir une représentation proportionnelle de la population selon des caractéristiques clés. Par exemple, la proportion d’hommes et de femmes, de gens de chacune des tranches d’âge, ou des différents niveaux de scolarité devrait être la même dans l’échantillon normatif que dans la population représentée par l’échantillon. Il existe différentes méthodes pour constituer un échantillon normatif, dont la présentation dépasse les humbles objectifs de ce site.

Tout instrument psychométrique doit être normalisé pour les populations auxquelles il est destiné; il peut donc y avoir plusieurs normes pour un même instrument (par exemple, certains instruments proposent des normes distinctes selon le sexe, le niveau de scolarité, l’origine ethnique, l’âge, etc.).

Un bon échantillon normatif devrait être de taille suffisante. On souhaitera que l’échantillon compte au minimum quelques centaines de personnes et idéalement plus d’un millier. Un échantillon de grande taille permet une meilleure représentativité (pour autant que la méthode de constitution de l’échantillon soit adéquate) et limite l’effet des cas atypiques.

Enfin, un bon échantillon normatif doit être récent car la moyenne populationnelle peut changer au cours des années. Par exemple, il est connu que le QI moyen a augmenté au cours des dernières décennies en occident. Certains auteurs, comme Bernaud (2007) suggèrent que pour être considérées récentes, des normes devraient avoir moins de 10 ans.